L’Arche, de T’ang Shushuen : à la (re)découverte d’un des premiers films d’art et essai hongkongais
Considérée comme la première femme réalisatrice de Hong Kong, T’ang Shushuen réalise The Arch (L’Arche) en 1968. Cette adaptation d’un conte populaire chinois brosse le portrait d’une femme chinoise du XVIIe siècle, tiraillée entre la passion et la vertu. Présenté en avant-première au Festival de Cannes en 1969, le film a droit cette année à une nouvelle projection inédite en version restaurée dans le cadre de Cannes Classics et en présence de la cinéaste.
Autrice de seulement quatre films (avec China Behind, Sup Sap Bup Dup et The Hong Kong Tycoon), T’ang Shushuen n’en est pas moins une immense figure du cinéma hongkongais. Aujourd’hui restauratrice respectée à Los Angeles, elle fut une véritable pionnière du cinéma d’art et d’essai, notamment en raison de son avant-gardisme. Plusieurs critiques voient l’influence de son travail – lui-même formellement inspiré du cinéma d’auteur européen – chez d’autres cinéastes hongkongais des années 1970 et 1980.
L’intrigue de L’ Arche prend place dans la Chine du XVIIe siècle. La jeune veuve Madame Tung mène une vie chaste entre sa belle-mère et sa fille, Wei Ling. Elle est admirée de tous pour sa droiture et sa vertu, à tel point que le village décide de faire élever une arche à sa gloire. Lorsque le capitaine d’une troupe de soldats demande à loger chez Mme Tung, ces deux derniers ne s’avèrent pas insensibles l’un à l’autre. Si la décence de la veuve lui interdit de céder à cette passion, sa fille, elle, use de ses charmes pour séduire le cavalier. Alors, à contre-cœur, elle se résigne à la lui donner en mariage.
À travers cette fable proverbiale, L’Arche exprime l’assujettissement des femmes aux normes traditionnelles, ainsi que la frustration de leurs désirs au profit d’un conformisme aliénant.
Le film a été restauré en 4K par M+, à Hong Kong, à partir d’une copie 35mm originale préservée à l’University of California, au Berkeley Art Museum et à la Pacific Film Archive et d’une copie 35mm originale préservée à la BFI National Archive. La conformation, la restauration et l’étalonnage ont été effectués à la Silver Salt Restoration. En présence de T’ang Shushuen.