Ukigumo (Nuages flottants, 1955), chef-d’œuvre de Mikio Naruse, restauré à Cannes Classics
Ukigumo (Nuages flottants, 1955), film emblématique du réalisateur japonais Mikio Naruse, est présenté à Cannes Classics dans une version restaurée par la célèbre maison de production Tōhō, pilier du cinéma japonais.
Parmi les grands maîtres du cinéma nippon, Mikio Naruse (1905-1969) est longtemps resté dans l’ombre, malgré une œuvre d’une grande finesse, souvent comparée à celle de Yasujirō Ozu, avec lequel il partage une même sensibilité. En Occident, le cinéaste — auteur de Ma femme, sois comme une rose (1935), succès d’estime au Japon, ou encore de La Mère (1952) — n’a véritablement accédé à une reconnaissance internationale qu’au début des années 2000.
Nuages flottants, aujourd’hui restauré et présenté à Cannes Classics, est l’une des nombreuses adaptations par Naruse des romans de Fumiko Hayashi, figure majeure de la littérature japonaise. À cette époque, le cinéaste travaille pour la société Tōhō, après avoir débuté au sein de la Shōchiku avec ses premiers films muets. Amateur de littérature depuis l’enfance, Naruse nourrit un lien privilégié avec l’œuvre de Fumiko Hayashi, qu’il adapte à six reprises : Le Repas (1951), L’Éclair (1952), L’Épouse (1953), Derniers chrysanthèmes (1954), Nuages flottants (1955), et Chronique de mon vagabondage (1962).
Ce film délicat, dont la mise en scène subtile enchante les cinéphiles, s’inscrit dans le Japon de l’après-guerre. On y retrouve les thèmes chers à Naruse à cette période : la mélancolie, la résignation, et une profonde lucidité sur la fragilité des liens humains.
La riche carrière de Mikio Naruse s’achève en 1967 avec Nuages épars, ultime portrait de femme dans une œuvre dominée par les voix féminines.